
La fin de l'histoire n'est pas ce qui doit enchanter, mais bien tout ce chemin qui a conduit vers cet espoir que l'on osait plus envisager. Se perdre n'est pas la
disgrâce qu'il faut redouter, mais bien la chance qui passe et qu'il ne faut pas laisser passer.
Aujourd'hui est un matin à ne pas rater, celui où, tout chafouin, vous ne vous rappelez plus ce qui vous a fait lever après cette nuit qui, pour une fois, ne vous a
pas laisser épuisé d'avoir dû lutter à la fois contre les cauchemars qui vous assaillaient et les souvenirs de la basse réalité. Les sensations sont étranges, de se percevoir apaisé, reposé, dans
un curieux mélange d'hébétude et d'incrédulité où le présent ne semble plus aussi rude, mais presque ouaté. Il faut un temps certain et une pièce inondée par les rayons du soleil qui se lève pour
vous saluer, en une étonnante allégeance à ce que vous exprimez, de joie et de puissance, sans même le réaliser, dans cette somnolence qui tient de la transe, pendant que vous exsudez la
quintessence de votre beauté.
Aujourd'hui n'est pas le sinistre brouillard au sein duquel vous erriez, dans ce labyrinthe de pensées, en autant de démons pour vous égarer dans les méandres de
vos regrets, ce paysage que des pluies de larmes inondent sans arrêt, emportant tout espoir et tout rire dans les torrents de leurs filets, aux fins de les enfouir au plus profond de votre
humanité. L'horizon est au contraire visible et parfaitement dessiné, détachant plaines, forêts et cimes dans un clair-obscur ciselé afin de vous détailler toutes les aventures que vous pouvez à
présent envisager, sans plus de souffrances ni de souillures pour vous dépiter et ne plus croire en la nature de la gentillesse ou de la bonté, à chacune des occurrences où l'on vous a enfoncé,
dans une volonté de souillure pour vous rabaisser.
Aujourd’hui est la virage que vous attendiez, non pas pour déraper et finir dans le fossé parmi les ronces et les rochers, le visage en sang, blessé et humilié,
mais bien celui qui va vous propulser vers un tremplin pour vous envoler vers ce ciel qui vous éblouissait chaque matin à vous aveugler, mais cette fois pour vous accueillir en son sein et vous
bercer, parmi ces comètes, ces étoiles, ces planètes et vous faire briller, de cet éclat qui prouve que vous êtes, vous aussi, un astre insoupçonné. Cette place qui vous est offerte, ce cadeau
qui vous est fait n'est pas cette énième promesse faite qui ne sera jamais honorée, mais bien la vérité franche et nette qu'il est l'heure de révéler, à vous même et au monde entier, ce que vous
pouvez et ce que vous êtes pour le partager.
La méfiance reste pourtant de mise, vous ne considérez pas cela comme une heureuse surprise, mais plutôt à une autre piège à éviter, tant est intense la méprise sur
cette inespérée nouveauté. Ce que la vie vous a appris tient encore des tous ces coups de butoir encaissés, à vous façonner une carapace lourde et grise, une armure d'acier rouillé.
Aujourd'hui est l'occasion de se débarrasser de tout ce fatras sédimenté d'émotions malsaines qui ne font qu'exsuder leurs exhalaisons frelatées, dans une
perpétuelle rengaine de malédictions acharnées qui asphyxient vos envies pour en souder des chaînes et vous forcer à ployer. La facilité avec laquelle tous ces morceaux se délitent dans une
légère fumée, combustion magique de ces poisons ingérés, strates putrides qui vous emprisonnaient dans leurs relents fétides, tient du miracle intrépide comme si un chevalier téméraire assaillait
une bastide que plus personne n'osait approcher pour en extirper le trésor inestimable avec la plus déconcertante habileté, pour vous le rapporter, vous le présenter et le déposer sur la table en
vous remerciant de l'y avoir autorisé.
Aujourd'hui est l'occasion d'entendre que nous avons mérité de ne plus accepter d'attendre que l'on soit considéré pour ce que l'on est et non pas ce que l'on veut
prétendre nous voir exécuter. La perpétuelle attention que nous mettions à ne pas blesser en nous camouflant derrière mille et une raisons qui nous faisaient déguiser n'a plus lieu d'être
maintenant que l'heure est à la fête et à l'acceptation de qui nous sommes vraiment, non pas de ces esclaves devant trimer comme des bêtes, mais de ces rêveurs impénitents qui osent s'autoriser à
ne plus regarder en avant, mais bien au cœur de leurs songes éveillés pour les transcender et les faire vivre dans l'instant, en une corolle bienfaisante qui habille de couleurs éclatantes les
prisons que nous avons choisi d'habiter.
Aujourd'hui est l'occasion d'apprendre que notre quotidien peut aussi être enchanté et non pas cette route de cendres où absolument rien n'est à même de briller, en
une procession qui ne ferait que descendre vers le tombeau que nous avons nous-mêmes creusé pour se conformer à ce que l'on affirmait, qu'il ne restait qu'à attendre en évitant de trop pleurer.
Il n'est en aucun cas nécessaire que la souffrance soit l'unique marqueur pour progresser, quand un sourire ou un geste tendre ont le pouvoir de tout transformer, de montrer qu'au travers du
miroir que l'on persiste à scruter, ce n'est pas ce que l'on veut avoir sur quoi l'on doit se concentrer, mais tout ce que l'on peut donner pour alors s'apercevoir que l'on ne cessera plus de
partager.
La confiance peut enfin déployer toute l'énergie qu'elle contenait jusque-là, trop timide, trop réfrénée pour admettre qu'elle était la clé pour ouvrir ce coffre au
sein duquel étaient enfermées toutes nos capacités, de transformer nos rêves en la réalité, de jouir sans trêve de ce qui nous fait vibrer, ce flot de plaisirs et de désirs que nous nous
refusions à exprimer, de peur de faire s'enfuir tout ce que nous pourrions aimer, êtres de chair et de sang qui ne demandent qu'à rayonner, de la Terre au firmament, en un lien
d'éternité.
La chance n'est pas de naître et de vivre confiné dans les pièges que l'existence nous tend pour nous y enfermer, mais bien de garder en son cœur tout ce qui ne
cesse d'y palpiter pour en faire le moteur de ce que nous choisissons d'expérimenter, en une merveille de boussole qui sait ce vers quoi aller.
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